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Channel: Commentaires sur : Utiliserons-nous davantage la voiture dans 10 ans ?
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Par : Lucien Livio

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Je réagis bien après la bataille mais je penche vers l’avis de Guillaume ci-dessus. Les 15 premières lignes de la tirade de Belprius sont inexactes. Elles ne le sont pas partout mais c’est ça qui les rend inexactes puisqu’elles sont présentées comme définitives ! C’est peut-être une boutade, je ne sais pas, mais je pense qu’il y a des gens qui le voient comme ça et ça me semble important de préciser les choses !

Lorsqu’on habite dans le centre-ville d’une métropole, on ne peut souvent pas stationner son véhicule plus près de chez soi que le premier arrêt de transports en commun (TC) rencontré, la fréquence y est elle que l’attente n’a pas d’importance, les contraintes pour se garer à destination font que l’arrêt TC est souvent plus proche que le parking, l’amplitude horaire n’est pas un problème, la vitesse de circulation des voitures à cause des bouchons y est inférieure aux TC, on peut parfois faire autre chose dans les TC, ce qui n’est pas le cas tant qu’il n’y a pas de véhicule automatique, etc. Ce n’est pas pour rien que la moitié des ménages parisiens ne sont pas équipés de véhicule…

On oublie que les réflexions qui ont amené au retour des transports collectifs ne sont pas du tout liées à la pollution mais aux problèmes de congestion ! C’est pour faciliter la circulation qu’on en est arrivé à la conclusion que le moyen le plus efficace de circuler dans les secteurs denses, c’était les transports collectifs (il n’y a qu’à voir combien de personnes on peut mettre dans un bus et le nombre de voitures équivalent !).

Cette phase de réflexion est née alors même qu’on a commencé à regarder notre patrimoine d’un autre œil… et qu’on a pris conscience que notre porte-monnaie n’était pas un puits sans fond ! Entre nous, des systèmes permettant de faire circuler des milliers de véhicule, on y arrive à peu près en rasant la moitié des villes et en faisant des souterrains, des viaducs, etc. Il manque deux choses : l’argent et la volonté de modifier la ville européenne en profondeur (façon Gotham City), juste pour y circuler en voiture…

Ensuite, on a commencé à souligner que la ville qu’on avait souhaité adapter à la voiture se retrouvait difficilement vivable. Mais, là encore, pas seulement à cause de la solution mais aussi pour l’accidentologie. On peut regarder, pour cela, la qualité de vie à Amsterdam : on y circule majoritairement à pieds et à vélo. Ce n’est pas l’enfer… Ni le Tiers-monde !

Qu’on développe des véhicules plus propres, c’est une nécessité. On aura en effet du mal à se passer de véhicules dans notre société actuelle. Par contre, le modèle « une voiture par foyer pour tout faire, du quotidien aux vacances » bat sacrément de l’aile ! Et pas à cause d’un sombre complot écologiste de « décroissants-qui-veulent-vivre-à-la bougie-ou-au-temps-des-cavernes » mais parce que pour tous ceux qui vivent dans des secteurs où ils peuvent se débrouiller autrement, faire l’économie d’une voiture, c’est toujours ça de pris !

Parce que, finalement, on en revient toujours à la même question : c’est bien d’imaginer la voiture de demain (ou la ville de demain) mais le problème n’est pas vraiment là ! La question est : qui peut (pourra) se payer le véhicule « propre » ? Pas sûr que sans croissance, le pouvoir d’achat ne baisse pas… Et pouvoir d’achat en baisse + diminution de la place de la voiture (passée de « nécessité » à « outil », notamment chez une grande partie de la jeune génération) = un avenir sombre pour le marché de l’automobile en France ! Pourquoi les constructeurs se lancent-ils sur le marché de l’autopartage ?!

Enfin, je rejoins encore Guillaume sur le fait que, dans le contexte actuel, le développement de la ville (qu’on l’appelle « éparpillement périurbain » ou « émiettement urbain ») est un non-sens : sous prétexte (pour certains élus) de laisser la liberté aux gens de s’installer, on crée les conditions d’une pauvreté à venir : un pouvoir d’achat qui stagne, voire qui baisse, avec des coûts de l’énergie qui augmentent (inéluctable, apparemment), ça laisse une porte grande ouverte à des difficultés importantes pour les ménages qui ont acheté leur maison en périphérie, loin de tout service (parce que c’était le seul moyen d’être propriétaire d’un pavillon). Tous ceux qui ont fait le choix d’une localisation en centre-ville en compensant les loyers plus chers par l’absence de frais liés à un véhicule vont se retrouver, malgré eux, parmi les nouveaux « riches ». Créer des espaces de vie qui ne permettent pas de se passer de la voiture (typiquement : pavillon dans lotissement en périphérie), c’est créer les conditions d’une nouvelle précarité. Dans pas longtemps, les seuls qui pourront se permettre d’habiter en périphérie feront nécessairement partie de la classe aisée… mais la plupart d’entre eux ont déjà compris qu’il est plus intéressant de rester (voire revenir) en ville…

Tout ça pour dire que, quelles que soient les avancées techniques, la voiture de demain (je ne parle pas d’après-demain), elle ne sera, de toute façon, pas accessible à M. Tout-le-monde. Il est fort possible que l’ère de la voiture de masse se termine. Mais je ne vais pas me risquer aux pronostics ! Ce que je suis prêt à parier, c’est juste que le nombre de véhicules possédés par des particuliers à titre personnel va baisser… Et qu’un paquet de nos concitoyens vont protester de plus en plus fort contre les hausses du coût de l’énergie, dont l’essence…


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